Je ne peux pas vivre longtemps avec les êtres.
Il me faut un peu de solitude, la part d’éternité.
Albert Camus – Carnets III, mars 1951
Ma démarche artistique


Démarche de la série Beyond the frame
C’est moi même que je n’ai jamais rencontrée dont le visage est scotché au verso de mon esprit
Sarah Kane – 4.48 Psychose
Cette citation que je m’approprie témoigne à la fois de ma démarche profonde et du danger sous-jacent à ne pas réussir à se définir dans une identité.
Il ne s’agit pas ici de cette caractéristiques de notre personnalité qui est d’avoir une certaine déclinaison de notre identité selon les individus que nous côtoyons ou les situations différentes que nous vivons. Il s’agit là de réaliser que parfois, j’agis à ma propre place sans que j’en ai conscience, que parfois je suis ailleurs alors que j’agis là.
Ma peinture est introspective.
Selon un processus de création qui m’amène à une confrontation avec la matière, la surface et l’espace, je laisse exprimer une identité encore morcelée. Le travail dans cette tension se poursuit jusqu’à ce qu’une chose inattendue et surprenante arrive. L’intervention d’une « troisième main », selon P. Guston. Quelque chose qui à la fois m’est nouveau et familier. Une étrangeté que je reconnais mienne.
je suis dans le présent, ancré, sujets d’émotions, percuté par les conflits intérieurs, les sentiments et les difficultés à exister et d’autre part, une identité morcelée dans le temps qui cherche à s’exprimer toute entière.
Je travaille sur du papier. La peinture, les cadres, les recouvrements, les fragments, les réutilisations, les déchirures, les collages et recollages, les effacements, les écritures, les traces et salissures sont l’alphabet de ma mémoire, de mon inconscient, de mes conflits internes, des incompréhensions, des colères et des peurs actuelles.
Ainsi, chaque tableau est une connexion entre d’une part, ce que je suis dans le présent, ancré, sujets d’émotions, percuté par les conflits intérieurs, les sentiments et les difficultés à exister et d’autre part, une identité morcelée dans le temps qui cherche à s’exprimer toute entière.
Wladimir Quensière est né en 1972 à Madagascar. Il vit aujourd’hui à Clichy (92), aux portes de Paris. Il a passé quelques années au Tchad et en Afrique de l’Ouest durant son enfance et son adolescence. Après des études d’ethnologie, il a travaillé dans les médias et le Web. Peintre autodidacte, il reste attaché à ces atmosphères sèches et chaudes des paysages sahéliens, mais également à la campagne nivernaise de son enfance, quand il accompagnait son grand-père peindre sur les bords de Loire.